Toulouse. «Dans le rouge» avec le Covid-19, Tisséo a relevé le défi de financer la 3e ligne de métro

Au printemps, l’achalandage du métro a diminué avec l’incarcération et n’est pas revenu à la normale en juillet 2020. Le résultat: une baisse du chiffre d’affaires. Avec la baisse des paiements aux entreprises, tout le modèle économique de Tisséo est affaibli. (© Tisséo)

Tisséo, Comme tous les opérateurs de transports publics, il est confronté à une comparaison compliquée: la baisse du trafic réseau et donc des revenus, mais aussi la diminution des sommes que les entreprises paient dans le cadre du paiement du transport.

Véritable séisme pour le modèle économique des organismes de transport français, le crise Topique Cela affecte d’autant plus Tisséo que l’agglomération est impliquée dans l’un des plus importants plans de transports en commun de France. Et donc l’un des plus difficiles à financer. Nous identifions les conséquences à court et à long terme Crise de Covid-19 sur les finances de Tisséo. Interview de Sacha Briand, vice-président en charge des finances Métropole de Toulouse.

Baisse du taux de participation: « 20 à 25 millions de pertes »

News Toulouse: quelles sont les pertes que Tisséo subit au stade actuel de la crise sanitaire?

Sacha Briand: «Il est un peu tôt pour déterminer l’ampleur des pertes que nous subirons en 2020, car si nous pensons que nous reviendrons aux niveaux normaux du réseau d’ici la fin de l’année, et que nous pouvons pour estimer ce que nous perdrons en résultat opérationnel, il est plus difficile de dire à quel point la compensation transport diminuera cette année.

En ce qui concerne les pertes opérationnelles, on peut estimer qu’elles peuvent s’élever à 20 ou 25 millions d’euros.

Réduction du paiement du transport: 15 à 20 millions (compensée)

Et pour le paiement du transport?

S.B.: «La question à laquelle nous n’avons pas de réponse précise est celle des pertes liées au paiement du transport. Ce paiement est encaissé par URSAFF auprès des entreprises et Tisséo le reçoit chaque mois. Tout comme pendant l’emprisonnement, nous continuons à recevoir un montant de l’Urssaf chaque mois, mais les entreprises qui ont eu la possibilité de suspendre leur retrait sont en baisse. Les paiements de transport actuels payés par les entreprises de l’agglomération ne sont pas liés à la réalité des redevances effectivement dues. Cette réduction des coûts est-elle liée à des suppressions d’emplois ou au fait que les entreprises ont bénéficié de la suspension des coûts?

Dans le premier cas, on ne récupère pas l’argent et la perte est pour Tisséo. Dans le second cas, nous pourrons récupérer le déficit printanier lorsque les entreprises paieront les frais suspendus. Au final, malgré un certain manque d’éléments, on sait qu’en 2020 on devrait perdre 15 à 20 millions d’euros sur la partie du paiement du transport (l’entretien a eu lieu le mardi 21 juillet, depuis lors l’Etat a annoncé que les pertes financières en compenser entièrement le paiement du transport en 2020, Note de l’éditeur). Mais le plus problématique est que cette perte sera reportée d’année en année ».

Ces pertes déséquilibreront votre budget pour l’année 2020. Comment pouvez-vous compenser cela?

S.B: «Il n’y a pas grand-chose pour compenser une perte commerciale. Nous avons utilisé le régime de chômage partiel, mais nous avons également choisi de maintenir un niveau de réseau élevé et inchangé malgré une participation quasi nulle. Nous n’avons même pas pu économiser sur les économies qui auraient pu être réalisées dans le contexte.

Les mesures compensatoires sont difficiles à mettre en œuvre. Néanmoins, des hypothèses correctives existent. Cela signifie optimiser les coûts opérationnels. Cela pourrait signifier, par exemple, améliorer la disponibilité du matériel roulant et réduire les coûts de maintenance. Cela pourrait aussi passer par la relance des marchés publics, comme nous l’avons fait avec le nouveau marché de la publicité display, qui nous rapporte plus qu’auparavant. »

Un exercice continu « en rouge »

La situation est-elle dangereuse pour les finances de Tisséo?

S.B: « Si nous regardons l’exercice actuel, nous sommes en rouge, mais si nous regardons dans dix ans, nous répartirons ces pertes. La situation actuelle n’est donc pas désastreuse, mais doit être prise au sérieux.

De toute évidence, la crise du Covid-19 nous a fait perdre des ressources. Par exemple, l’épidémie est survenue lorsque nous avons commencé à doubler la capacité de la ligne A, ce qui devrait générer des revenus supplémentaires avec un taux de participation plus élevé … Mais nous retrouverons ces ressources avec le retour à une situation plus normale.

Avec le paiement du transport, nous pourrions perdre environ 100 millions d’euros en quatre ans. Si nous travaillions pendant plus de 10 ans comme nous le faisons sur la pérennité financière du plan de transport urbain (PDU) de la métropole toulousaine, cela voudrait dire qu’il faudrait réaliser 10 millions d’économies chacun en compensation. année. 10 millions de dollars, soit 3% des coûts d’exploitation annuels. C’est quelque chose à faire par travail sur la productivité de Tisséo « .

Augmentation de la sous-traitance

Cela signifie-t-il, par exemple, que la part de la sous-traitance dans la gestion du réseau Tisséo, en particulier les bus, augmente?

S.B: «Au cours de la période écoulée (2014-2020), nous avons augmenté la part de sous-traitance sur notre réseau en pleine croissance, en particulier sur les lignes de bus interrompues qui ont culminé en nombre de visiteurs en début de journée, avant de repartir le soir. se lever.

Des travaux sont en cours pour augmenter la part de sous-traitance lorsqu’elle répond à nos besoins, notamment sur les lignes en développement et qui continueront de se développer en périphérie de Toulouse. Je pense aux prochaines lignes Optimo. Mais soyons clairs, il n’y a pas de stratégie de privatisation de Tisséo.

Gelé, la hausse des prix reprendra

Après avoir interrompu la hausse des tarifs de transport en 2020, allez-vous augmenter les prix et les ramener au niveau où ils auraient dû être sans interruption à partir de 2021? Etudiez-vous la possibilité d’aller au-delà de l’augmentation attendue dans le contexte économique actuel?

S.B: «En 2015, nous avons mis en place une politique tarifaire prévoyant des augmentations régulières et cohérentes jusqu’en 2021. Cette année la décision a été de geler cette augmentation annuelle, car nous étions d’avis que le contexte économique ne s’y prêtait pas, tant pour les salariés qui ne devraient pas perdre leur pouvoir d’achat que pour les entreprises qui paient une partie des cotisations salariales.

La logique, cependant, est que les tarifs augmentent au même rythme que l’augmentation du coût du service.

Lisez aussi: Toulouse. Les tarifs des transports publics augmenteront-ils en juillet comme prévu?

Aucune menace pour les emplois

Des emplois sont-ils menacés chez Tisséo?

S.B.: «Les emplois chez Tisséo sont liés aux activités du réseau. Cependant, nous avons montré notre volonté de conserver le réseau.

Il n’y a donc pas de menace pour les emplois chez Tisséo.

L’appel à l’État

Il y a quelques jours, le président de la région Île-de-France a demandé que les pertes liées à la crise du Covid-19 soient intégralement remboursées par l’État …

S.B.: « Des discussions sont actuellement en cours entre le Groupe des autorités de transport (GART) et le gouvernement et d’après les informations dont nous disposons, on devrait pouvoir obtenir 15 millions d’euros pour compenser les pertes sur le paiement du transport. Sur quelle base et pour quelle durée cette compensation a-t-elle lieu? Quel sera le résultat de ces discussions en cours?

Je veux que l’État rembourse intégralement les pertes subies pendant l’incarcération. L’Etat ne peut pas soutenir l’Île de France et aucun organisme de transport régional!

Financer les 3e ligne de métro: « Il garde le chemin »

Passons aux implications de la crise du Covid-19 pour le financement du plan de mobilité à Toulouse et en particulier de son projet phare, celui du 3e ligne de métro. Ce plan de financement reposait sur une augmentation régulière des paiements de transport dans les années à venir, même sur la base du développement économique continu de notre territoire. Compte tenu de la situation économique actuelle et future, le niveau des paiements de transport sera ajusté à la baisse, peut-être sur plusieurs années. Le plan présenté en 2019 est-il toujours tenable?

S.B.: «Tout montre que cela fonctionne. La viabilité financière du projet de mobilité d’agglomération comprend une valeur d’investissement totale de 4 milliards d’euros. Et si l’on prend en compte les coûts opérationnels du réseau, on a des flux de 8 milliards d’euros.

L’impact de la crise du covid-19, à savoir plusieurs dizaines de millions d’euros, ne modifie pas l’équilibre global du projet. Surtout parce que nous travaillons depuis longtemps dans le cadre de ce projet.

Lire aussi: 3ème ligne de métro de Toulouse: c’est ainsi que l’agglomération tente de financer son « projet du siècle »

En juin 2019, vous avez présenté une enquête sur la viabilité financière des 3e métro et a annoncé qu’elle serait réévaluée chaque année. Où est cette réévaluation?

S.B.: « Il est en cours … Il y a des incertitudes et certains éléments doivent être consolidés dans la situation actuelle que nous vivons, qui est une situation anormale compte tenu de la crise du Covid-19. La mise à jour prendra encore plus de temps. »

Bonne nouvelle: des taux d’intérêt historiquement bas

En juin 2019, voici ce que le Conseil scientifique est chargé d’évaluer la faisabilité du 3e ligne de métro: «La durabilité budgétaire est assurée, mais sous certaines conditions. Les éventualités qui seraient négatives nécessitent des mesures correctives, mais il y a une marge de manœuvre (…) sur les coûts de fonctionnement, sur les revenus, sur les subventions que le projet pourrait recevoir des différentes organisations et communautés participantes Aujourd’hui, les revenus baissent et les finances des collectivités locales sont directement affectées par les conséquences de la crise. Quelle est la marge de manœuvre?

S.B.: «Dans la situation que nous traversons actuellement, il y a de mauvaises nouvelles, notamment au sujet de la baisse des revenus de fréquentation et du paiement des transports, et il y a de bonnes nouvelles. Sous la bonne nouvelle, il y a d’abord maintenir les taux d’intérêt bas. Je rappelle que le PDU est fortement dépendant du financement par emprunt (Tisséo prévoit de lever 3,35 milliards d’euros de nouvelle dette pour un projet de 4,8 milliards d’euros), ndlr). A cet égard, nous avons été très prudents sur le taux de financement attendu car nous nous attendions à un taux d’endettement de 2,5 points.

Alors que nous approchons du stade de la notification au marché, les taux restent plus bas que prévu car nous avons des taux de 0,6 point de pourcentage de dette. Même si les taux montent un peu, comme on peut l’entendre, il n’en reste pas moins que nous sommes en deçà des attentes. Cela entraînera des économies importantes chaque année.

Je voudrais ajouter qu’en 2019, nous avons obtenu le meilleur score possible pour notre solvabilité sur les marchés financiers. Cela donne de la crédibilité à notre capacité à obtenir des financements sur les marchés obligataires. Toujours avec le financement par emprunt, nous avons rejoint l’agence France Locale, qui finance les investissements communautaires. Avec cette banque communautaire, nous pouvons être mieux positionnés sur les marchés financiers internationaux ».

Profitez du plan de relance européen

Dans le plan de financement actuel, l’État accorde une subvention de 200 millions d’euros pour les 3e ligne. Attendez-vous un effort supplémentaire de sa part et de l’Europe?

S.B.: «Il existe un plan de relance au niveau européen. On peut imaginer que notre projet, qui est l’un des plus grands projets de transport en France et en Europe, pourrait le faire recevoir un niveau plus élevé de subventions. D’autant plus qu’elle est pleinement intégrée dans les politiques de développement durable qui sont encouragées par le gouvernement à relancer l’économie et accélérer la transition écologique. « 

On ne peut pas dire à l’heure actuelle que l’Etat s’est énormément exprimé en faveur du projet de transport public toulousain …

S.B.: «En fait, il n’y a pas eu d’engagement massif de sa part, car il a continué à retarder le financement des infrastructures lourdes ces dernières années. Mais il a changé sa rhétorique et a dit qu’il devrait maintenant soutenir des projets comme celui-ci. L’État a changé sa position. C’est à nous d’être convaincant pour obtenir des bourses supplémentaires ».

Ancienne dette, coûteuse, remplacée à bas prix

Les collectivités locales impliquées dans le financement du projet de mobilité avec la crise auront-elles les moyens d’augmenter, si nécessaire, leur soutien financier à ce plan de mobilité? Toulouse Métropole devra verser 120 millions d’euros par an à Tisséo d’ici 2030 (contre 100,4 millions d’euros en 2019, ndlr). Pouvait-elle continuer?

S.B.: « Ce montant de 120 millions d’euros déterminera la capacité de Toulouse Métropole à accompagner le développement des transports sans mettre en péril ses finances. Les collectivités locales seront en difficulté pour la crise actuelle dans les années à venir. L’objectif est alors aussi assurer l’équilibre financier du PDU, sans partager la facture entre les communautés locales, en déployant des ressources supplémentaires.

Avec la baisse des ventes à venir, la situation actuelle aura-t-elle un impact sur la capacité de Tisséo à rembourser sa dette et à en contracter de nouvelles?

S.B.: « Non. Aujourd’hui, l’ancienne dette est très chère. Elle s’élève à 4 points. Le montant que nous obtiendrons pourrait être inférieur à un point aux taux actuels. Nous perdrons 3 points et en fait l’extension de la dette de Tisséo sera être avantageux aux taux actuels, avec le même endettement, il sera en fait moins cher pour Tisséo ».