Regroupant 1 200 start-up et investisseurs européens, l’association publie un « plan de détournement » de l’économie vers les nouvelles applications numériques.
Quel avenir pour les start-ups et le secteur de l’innovation après le choc de l’incarcération? L’association France Digitale, qui représente 1 200 start-ups et structures d’investissement en Europe, propose un plan ambitieux de transformation de la politique gouvernementale en numérique, qu’elle présentera à Bruno Le Maire le vendredi 29 mai.
Une série de mesures autour d’une double observation. « D’une part, nous avons assisté à une accélération incroyable de l’utilisation du numérique dans la vie des entreprises et des particuliers », a déclaré Nicolas Brien, directeur général de France Digitale. Un sentiment confirmé par les chiffres: en moins d’une semaine, toutes les entreprises françaises sont passées au télétravail, alors que l’utilisation des outils numériques est passée à 30 heures par jour par 30% des Français, selon une étude de l’IFOP pour France Digitale.

Le boom du télétravail pendant le confinement.
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Une adoption massive qui tranche avec la triste réalité du terrain: « Ce qui ressort à la lumière de ce saut numérique, c’est le niveau de préparation des institutions publiques et des grandes entreprises privées », se plaint Nicolas Brien.
Changer l’économie au lieu de la relancer
Face à ce paradoxe, France Digitale propose un «plan de réarmement technologique» pour le pays, avec pour mission de créer un grand nombre d’emplois stables et non mobiles. « Les start-ups, qui créeront 10% de ces emplois d’ici 2020, dont 92% en CDI, font donc partie de la réponse. » Surtout si un recul semble peu probable: « Plus de trois Français sur quatre (76%) disent vouloir conserver leur usage numérique après avoir été enfermé ».
« Notre objectif n’est donc pas de relancer, ce qui serait synonyme d’immobilité dans les objectifs, mais plutôt une réorientation de la politique gouvernementale vers une société future alternative et positive », ambitionne Nicolas Brien. Pour placer les start-up et le secteur de l’innovation au cœur de cette transformation économique, France Digital propose donc un plan de 20 milliards d’euros pour cette transition numérique, composé pour moitié de l’argent public et de la moitié des fonds privés.
Quinze propositions
Pour cela, France Digitale fait quinze propositions (voir ci-dessous) avec quelques idées fortes. « La première est qu’aucun euro d’argent public ne devrait être alloué aux entreprises qui ne sont pas engagées dans la transformation numérique. » Entre autres: l’obligation d’offrir du télétravail à ces salariés, d’ouvrir leurs données …
Dans cette logique, l’association demande que l’accroissement du chômage partiel s’accompagne de « la possibilité pour les entreprises de convertir le chômage en congé de formation numérique », pour renforcer les compétences des travailleurs dans ce domaine. Concrètement, étendre les mesures de chômage partiel à un salarié « aussi longtemps que nécessaire », à condition bien sûr, avec son accord, « qu’il suive la moitié du temps de formation au chômage partiel lié aux compétences numériques », dérivé du crédit de les heures collectées sur le Personal Training Account (CPF).
Cette transformation numérique doit également s’accompagner d’une transition environnementale importante. « Pendant l’internement, des milliers d’écoliers n’ont pas pu suivre les cours en ligne car leurs familles n’avaient pas les moyens de s’équiper d’ordinateurs », regrette Nicolas Brien. France Digitale propose donc de réduire le taux de TVA à 5,5% pour l’achat d’équipements électroniques remis à neuf.
L’une des premières mesures que France Digitale souhaiterait voir mises en œuvre est la réorientation de 55 milliards d’euros d’épargne forcée constitués lors de l’incarcération, alors que les dépenses quotidiennes ont fortement diminué. « Cette manne devrait au moins partiellement répondre aux besoins de financement urgents auxquels est confronté un grand nombre de PME. » Une opportunité que France Digitale propose de saisir l’Etat en « créant une série d’incitations fiscales qui permettraient de convertir ces économies en financements pour les PME ».
Les quinze propositions de France Digitale
- 100% du territoire est couvert par le haut débit
- 100% des ménages sont équipés de matériel informatique
- 100% des entreprises sont numérisées, cyber-sûres et ouvertes au partage de données
- 100% des communautés numériques, 20% des commandes publiques des start-ups
- 100% de la population est formée aux technologies numériques
- Surmonter la pénurie de talents techniques
- Protéger les travailleurs indépendants
- Renforcer le financement de la start-up des start-ups
- Renforcer BPI France
- Renforcer les investisseurs institutionnels « longs »
- Renforcer le Fonds européen d’investissement et la Banque européenne d’investissement
- Stimuler le financement des start-ups et VC
- Impact de l’innovation des fonds
- Développer l’innovation pour l’impact
- Multipliez l’impact