Des centaines de milliers d’emplois sont supprimés dans l’industrie, selon une étude

La rupture de l’emploi industriel est assurée. Selon une étude du cabinet de conseil et d’audit PwC, réalisée à la demande de l’UIMM, la France pourrait perdre jusqu’à 463 000 emplois du fait de la crise sanitaire et économique liée au virus corona.

Trois scénarios envisagés

La croissance de l’industrie manufacturière a été stoppée nette en mars 2020. Selon l’étude, mars a eu un impact plus important sur la valeur ajoutée industrielle que le choc pétrolier de 1974 et la crise de 2008. La fabrication de matériel électrique, électronique et informatique a diminué de 61%, le matériel de fabrication de 69%. Alors que l’Allemagne a mieux résisté, la baisse de la production en France est similaire à celle de l’Italie et de l’Espagne.

Un tiers des emplois menacés par la crise proviennent du secteur manufacturier. Elle compte environ 2,1 millions d’employés et représente près de 10% du PIB. Selon trois scénarios (modérés, centraux et pessimistes) identifiés par l’étude, l’industrie manufacturière pourrait perdre entre 187 000 et 463 000 emplois, à l’exception des quelque 81 000 emplois non créés par le secteur qui désavantageront l’arrivée de nouvelles générations sur le marché du travail.

Convergence difficile des emplois

Cette crise s’accélère  » perturbations massives des structures sectorielles de l’économie, souligne Patrick Artus, économiste en chef de la banque Natixis. Certains secteurs seront gagnants et locataires, comme ceux des nouvelles technologies, de la pharmacie, de la distribution en ligne. Nous connaissons déjà les perdants: transport aérien, voitures, aviation, construction de bureaux … Cependant, de telles distorsions ne se passent jamais bien, car il est très compliqué de réaffecter un emploi « 

La crise des subprimes en 2008 avait déjà démontré les difficultés des anciens travailleurs de l’industrie à se former, par exemple, aux services d’assistance personnelle.

La souveraineté industrielle en jeu

En plus d’une augmentation des prévisions de faillite des entreprises, le nombre d’entreprises industrielles qui perdront de l’argent (avant impôts) pourrait doubler entre 2020 et 2021. L’aviation, l’un des rares secteurs d’exportation avant la crise, sera l’un des plus durement touchés. La balance commerciale du secteur automobile, qui est déficitaire depuis la fin de 2000, devrait se détériorer.

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Selon l’étude, la souveraineté industrielle du pays est clairement en jeu. La baisse de la valeur ajoutée cumulée du secteur manufacturier est estimée en moyenne à 75 milliards d’euros sur la période 2020-2022, ce qui représente un risque historique de désindustrialisation. La part des industries manufacturières et alimentaires dans le PIB pourrait tomber en dessous du seuil symbolique de 10%.

«  Il existe également un risque de controverse entre la volonté d’accompagner la délocalisation de la production en France, comme en témoignent les discours du gouvernement, et le contrôle des industriels qui se déplaceraient – notamment par des acquisitions de fonds d’investissement « , ajoute Olivier Lluansi, auteur de l’étude.

L’usine de batteries électriques comme exemple à suivre

Parmi les thèmes évoqués pour la protection de l’industrie, sa modernisation est appelée à s’accélérer.  » Il y a 1,5 robot pour 100 salariés dans l’industrie française, alors que la norme mondiale est de trois « Dit Patrick Artus, qui pense lui aussi que c’est nécessaire » prudent « Quand nous aurons » déménagements « Considérer la production nationale a du sens, selon l’économiste, s’il se concentre sur le haut de gamme des produits.

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Le développement de projets de co-construction à l’échelle européenne est également l’une des pistes.  » Comme dans les années 1960, comme Ariane Espace ou Airbus, il est temps de relancer ces grands projets européens de coopération industrielle, appliqués aux enjeux de demain comme l’intelligence artificielle ou la mobilité bas carboneOlivier Lluansi explique. Les batteries Airbus ne sont que la première étape «