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L’université ne peut plus répondre aux nouveaux objectifs que nous voulons lui imposer. En particulier, tant que la relation rusée et défectueuse entre le fonctionnement de l’université et le champ politique normatif se poursuivra, son potentiel intellectuel sera stérilisé.  »

Nous vivons cette période de confinement comme un moment de méditation, de méditation sur notre métier de professeur adjoint et chercheur et sur notre espace de travail et communauté scientifique: l’université, car nous sommes bouleversés dans nos actions, nos habitudes, nos relations humaines et nos relations au travail. C’est alors que s’exprime l’impulsion d’attachement, ce sentiment de perdre quelque chose de soi et de vivre une forme de solitude intellectuelle. Instinctivement, les collègues ont commencé à lire, lire des livres, lire des articles, écrire des opinions, écrire pour certains ou simplement échanger des réseaux pour partager des gestes, des sentiments habituels et la cohérence de l’acte d’être avec d’autres dans le même espace.

Mais ces actions à distance ne suffisent pas. Ils ne remplacent pas la proximité humaine, la présence des autres et le partage quotidien. Et sans aucun doute, parce que nous avons été brusquement retirés de notre habitus, de cet être social commun et spécifique et partagé, ces solutions improvisées, qui n’ont d’ailleurs jamais été sérieusement envisagées et mises en œuvre comme expérimentales, alors que nous formons des catastrophes au Japon et la culture du risque, comme nous simulons dans des situations extrêmes, nous n’avons pas intégré le panier de nos habitudes et connu le succès attendu par les responsables de l’industrie.

C’est le cas de cette campagne d’apprentissage à distance demandée en plus de l’effondrement soudain de l’enseignement dû à la pandémie, mais dont le crochet n’est pas resté collé aux acteurs de la communauté universitaire, enseignants et étudiants, malgré toutes les assurances de garde! Tout simplement, l’enseignement à distance et la visioconférence n’ont été auparavant testés que sur une base symbolique et à plus petite échelle, et ils nécessitent tellement de ressources appropriées et de personnel qualifié que l’entreprise universitaire ne l’a pas dans son intégralité!

Il y a une grande différence entre participer à une opération à grande échelle pour 2 millions d’étudiants supervisée par plus de 100 000 enseignants de tous grades et statuts dans une multitude d’universités, facultés, départements, sections, filières et spécialités et une soutenance de thèse par vidéoconférence . Comme ce n’est pas la même chose de partager un cours avec deux ou trois douzaines d’étudiants, c’est de travailler en ligne avec des cohortes de 100 à 1000 étudiants enfermés à la maison avec des moyens fragmentaires et inégaux.

Si l’université dispose également d’un équipement informatique puissant, d’une vitesse élevée et d’une logistique externe cohérente pour garantir ces MOOC (Massive Open Online Courses), c’est un autre terme à la mode pour les dernières créations de cet argot très apprécié et récurrent, mais dont les matériaux associés et les contours humains sont difficiles à mesurer.

C’est peut-être trop demander une université qui a été blessée par les effets combinés de la massification de l’enseignement supérieur et de la bureaucratie corrosive qui continue à étendre ses tentacules verticalement avec des notes, des circulaires, des ordres, des formulaires et d’autres formes de expressions de ligne directrice. Sans oublier la disproportion entre les ambitions disproportionnées et les résultats attendus de l’université et ses capacités techniques, la modestie de sa tutelle, les multiples objectifs qu’elle se fixe en plus des missions traditionnelles (contribution à l’employabilité des diplômes, ouverture au marché du travail par l’esprit d’entreprise et l’innovation, la formation de capital humain qui entraînera des changements économiques, sociaux et culturels, etc.).

Anachronique pour le moins, la situation atypique subie est inquiétante et matière à réflexion sur la réalité amère de notre espace universitaire, la vie quotidienne de ceux qui travaillent sur le terrain et l’image virtuelle de cette même haute réalité. souvent faites par les gouvernements à partir de diagrammes et d’agrégats de statistiques mondiales non expressives! Autrement dit, les mesures à l’œuvre dans l’espace réel et dans l’espace virtuel ne sont pas identiques malgré l’unité de l’objet! La différence dans les résultats des mesures est significative entre ceux qui imposent et ceux qui ont.

Penser de manière critique et proposer des idées

Le second opère dans un monde complexe de soudage, de rapiéçage et de réparations fréquentes, tandis que le premier ne perçoit que les informations données sur la résolution de son prisme d’analyse et sa projection positive sur l’opinion publique. Le second est expérimenté, comprend et comprend que le fonctionnement ne dépend que de la bonne volonté et des ressources insuffisantes, quand le premier essaie d’impressionner par la performance du meilleur des mondes: leurs courbes de valorisation sont si différentes qu’elles ruinent le principe d’objectivité.

Il est donc important de revenir sur les fondamentaux de l’université et la nature des relations au sein de l’université et de déchiffrer les interactions avec l’environnement social et surtout le domaine politique, car il est dit que ce type de rapport améliorera la qualité des peut gravement perturber la gestion de l’institution, ses missions, ainsi que celles de ses produits et réalisations! Comme on le pense aujourd’hui, l’université forme et incube l’usine d’invention et d’innovation par la recherche; en tant que tel, il apporte une valeur ajoutée mesurable à ses performances, du moins dans le concept actuel de l’Université Western.

En maintenant et en développant un esprit critique, en produisant des idées liées à l’humanité et à la citoyenneté, il cultive et participe au dévouement et au transfert des valeurs humaines. C’est là qu’existe sa mission la plus noble envers la société et l’humanité en général avant d’entrer dans la logique du profit. Mais ce lourd fardeau intellectuel et moral ne peut être réalisé que si l’université est un espace de liberté et de saine concurrence sans embellissement politique, ou inclusion dans une camisole de force idéologique dépassée alimentée par l’uniformisme, l’immobilité et le service.

Au contraire, il entrave et fige l’esprit critique et affaiblit terriblement les capacités de contribution du domaine universitaire et de ses acteurs qui deviennent allergiques à toute idée de changement ou de réforme, il s’agit plutôt d’un facteur limitant et limitant. L’université ne peut plus répondre aux nouveaux objectifs que nous voulons lui imposer. En particulier, tant que la relation rusée et erronée entre le fonctionnement de l’université et le champ politique normatif se poursuit, son potentiel intellectuel est stérilisé.

L’enseignant est confronté au choix entre deux possibilités: opter pour la voie libre mais difficile dans un contexte de déficit de cohésion dans une entreprise, ou pour la soumission en se fondant dans l’ambiance de la banalité, pendant que d’autres profitent de l’état de confusion pour muter dans le métier de la servilité et de la fusion dans le champ politique. Cela dit, un homme de sciences peut avoir un penchant pour la politique ou même être engagé, mais tout en respectant l’honnêteté et la noblesse de l’esprit critique et en se gardant de se noyer dans la jument de la servitude et de la soumission au service d’un système politique irrespectueux des libertés, des valeurs humaines et de toute forme d’éthique.

À titre d’exemple, ce dilemme fut vécu par A. Einstein pratiquement tout au long de sa carrière, confronté dans des moments durs et périlleux à se positionner pour des causes pas toujours conséquentes avec l’esprit d’homme de sciences, même si de nos jours, il ne se pose pas de la même manière et que les contextes sont différents. Chez nous, le champ politique absorbe depuis longtemps, tel un delta qui encaisse indifféremment le tout-venant charrié par son fleuve, experts, scientifiques et ce qui subsiste et s’apparente à la classe intellectuelle pour ne pas dire l’élite du pays, laissant la science et la production d’idées en jachère et exposée à une mort lente qui ne dit pas son nom.

Les esprits sont confinés, encadrés et administrés dans ce qui subsiste de l’espace universitaire pour certains et des réduits discursifs assimilés aux lieux d’expertise pour d’autres ! Mais voilà que la coriacité d’une pandémie imprévisible a sans nul doute éveillé des sentiments et engendré des réactions à des degrés divers, donnant libre cours à une rétro-réflexion sur le rôle des scientifiques, de l’université et de la recherche de manière générale, sans pour autant arriver à formaliser une approche fondée sur une réelle autocritique.

Un déclin qui n’entrevoit pas de renaissance

Cette démarche qui consiste à s’observer dans un miroir d’abord pour bien voir son image, à avoir ce regard objectif et rigoureux sur sa mission de médiation entre le champ politique, le champ scientifique et le champ sociétal, peu de réflexions en abordent la question, malgré l’abondance d’articles et la prolixité des auteurs dans la presse nationale notamment où il est devenu difficile d’insérer une contribution libre par ces temps incertains. C’est là que la réponse d’Einstein à la question d’opérer un choix en pleine apogée de sa carrière

entre s’investir dans une mission politique, engagement difficile surtout dans une période où il fut pris en tenaille entre des voies périlleuses, ou rester dans le champ scientifique et les équations, prend tout son sens. Évidemment, après mûre réflexion et sans hésitation, Einstein a opté pour ses équations qu’il considère comme un bien qu’il léguera à l’humanité pour l’éternité, tandis que la politique, dit-il, représente le présent. Il n’y a donc aucune commune mesure entre servir la science et l’humanité à tout jamais et servir la politique et s’en servir qui dure le temps d’une tranche de vie, pour être vite oublié.

C’est là que la noblesse de la science et l’humilité du scientifique prennent tout leur sens, c’est là aussi que les valeurs humaines et éthiques trouvent l’expression profonde et la signature du mode d’agir des hommes de science.  Partant de là et en toute logique, nous nous sommes mis à nous interroger sur notre univers à nous, l’univers scientifique et universitaire, à nous questionner sur son utilité et la valeur ajoutée que l’on peut en attendre dans ce contexte bouleversant  et  si  étrange !  On se renvoie au miroir de son existence propre en tant que tel et de nous interroger si nous pouvions être une force de frappe, des contributeurs, même si c’est par des actions minimes, timides et dans des proportions modestes.

Vient alors une autre question cruciale, celle-là est d’ordre philosophique : qu’avons nous hérité et capitalisé de cet habitus des hommes de science comme A. Einstein dont nous enseignons les théories et les équations, du moins les physiciens, mais dont nous n’interrogeons pas trop souvent les aspects philosophiques de leur science et les qualités de leurs personnalités remarquables qui leur ont permis de percer, encore moins, nous ne les dispensons pas dans nos cours, ou même si on s’aventurait à le faire à l’occasion, on se retrouverait dans une position inconfortable sinon ridicule ? Parce que, depuis longtemps, notre université a abandonné le champ de la philosophie et de l’histoire des sciences qui ne subsiste qu’à l’état de regrets dans les discours et les fréquents constats de son déclin. Un déclin qui n’entrevoit pas de renaissance ! Et de renaissance, on en parle beaucoup. Et de renaissance, il y en a beaucoup.

Mais quelle est la valeur ajoutée qu’elles apportent à l’université, à sa communauté et à la société ? On se le demande, quand bien même il y aurait des mesurables des impacts de ces renaissances. Encore une fois, c’est dans le Verbe des maîtres et dessages qu’on cherchera l’essence et l’importance de l’esprit scientifique en tant qu’ontologie, en cette sentence de Chikh Mohand qui résume et colle bien à l’état de déclin de notre champ universitaire et de la science dans ses fondamentaux majeurs, en la sagesse, l’esprit scientifique et leur transmission. Il dit en substance : Ayen nesselmed, wa yettu-t, wa yettazu-t, (De nos enseignements, il en est qui les ont remisés à l’oubli, il en est qui les écorchent).

Nous pouvons continuer la cascade de questions et nous interroger encore sur ce que notre action à faire triompher l’humilité d’être un homme de sciences et les valeurs universitaires ? Il est gênant et triste de répondre, par pratiquement rien ! Englués que nous sommes dans la monotonie absorbante de la transmission de connaissances ordinaires, d’un faire-semblant de porter la besace universitaire et la djellaba d’enseignant-chercheur pour user d’un qualifiant qui sied à tout et à tous, et qui voile tout, et d’épouser la science des constats et de la critique vexatoire, peu ou pratiquement prou d’entre nous se soucient réellement de ce capital qui régule pourtant les pratiques universitaires et de recherche.

Peu s’embarrassent de ce levier qui fait de vous un être distingué dans votre environnement particulier et dans la société en général. On s’est façonné des terriers tels des organismes fouisseurs dans les boues des méandres du fleuve du regard politique, au détriment des équations et des théories porteuses d’avenir et l’on disserte goulûment sur la Silicon Valley et autres inventions et innovations jargonnesques de l’Occident, sur le classement Shanghai des universités, nous, dont les référents et références s’arrêtent à l’Afrique, au Monde arabe et au monde musulman !

Le référentiel dans lequel on a été répertoriés par nos regardants amis européens et anglo-saxons c’est le Mena, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, une outre fourre-tout dans laquelle on s’insère pour la mesure de nos capacités productives et performances. Une courte échelle où on est bien logé, parce que le prix Nobel, on s’en est moqué résolument. C’est notre plateforme à nous où l’on s’exerce à décoller malgré tout. Mais c’est une plateforme limitante et un référentiel qui nous tasse, parce que toujours satisfaits de nous-mêmes. Entre nous, nous sommes aux premières loges et toujours les meilleurs dans le pays des miracles et des mégaprojets.

Ghetto stérilisant

Et vlan, un beau jour, on se rappelle de notre raison d’exister et que nous devons être là, et on tente de s’introduire dans la fosse de l’invention, de la création et de l’innovation en quelques jours parce que la pandémie est là et un virus nous bouscule comme tous ces pays hyperdéveloppés frappés de plein fouet qui ont oublié de fabriquer des masques et même oublié comment ça se fabrique. Ces hyperpuissances qui ne veulent plus fabriquer les médicaments pour les maladies des pauvres. Non que nous ayons voulu ce réveil brusque d’une torpeur habituelle, comparable cette fois-ci à la léthargie de ces pays développés… mais parce que nous sommes face à un état de fait, comme il y en beaucoup chez nous, un cas de force majeure, dirions-nous.

Le virus traque les humains… Et l’on se soumet à l’ordre… politique bien sûr, pas à l’ordre des équations. On singe et on se met au diapason des flashs et des lumières des plateaux télévisuels pour signifier que l’invention et le génie sont passés par là, tels des avions furtifs investis d’une mission. Il est difficile de refaire le choix pour les équations, pour le durable et la durabilité, pour être à la page avec les autres et contribuer pour l’éternité. Quel dur labeur et quel choix obligé et obligatoire.

Dur de s’insérer dans le réticulum systémique et la science de pouvoir. Mais il y en a qui le font bien et qui y sont arrivés sauf qu’ils ont peut-être omis de se rappeler que l’évolution se nourrit aux idées et à l’esprit critique, et non aux limites imposées à la liberté et à toutes les libertés, en tout cas, elle ne s’accommode pas de la répression des esprits libres quelles que fussent ses formes. Ce n’est là qu’une petite histoire à nous, celle d’une université et d’une science confinées depuis longtemps dans un ghetto stérilisant, non en raison d’une menace virale, mais du risque d’un effet inflationniste de l’intelligence.

Pour sortir de ce ghetto stérilisant, il est vital de réaligner les engrenages de la fabrique universitaire sur l’axe scientifique et réajuster son horloge en poussant le curseur vers la rigueur et les tests de la vérité scientifique tout en arrêtant de la confiner dans un statut d’un organe de prestations sociales. Ce n’est pas en l’accablant de médiocrité, en s’adonnant à la prestidigitation de mauvais augure sur son avenir et celui du pays, ou en distillant un florilège d’idées catastrophistes et en feignant de chercher le salut dans les écoles supérieures et autres entités de recherche adulées ailleurs qu’on décrète ici dédiées à l’excellence, qu’on pallierait la dérive instrumentale.

De quelle excellence parle-t-on ? Et pour quelles cohortes d’étudiants ? Surtout lorsqu’on sait que la pâte est à l’origine la même partout. Et de conclure qu’un boulanger, quels que soient sa compétence et son savoir-faire, ne peut façonner de pain exceptionnel à base d’une piètre pâte à levure frelatée ! Alors, il est grand temps de compter sur nos propres forces et de revisiter ce qui subsiste de positif et d’édifiant dans la structure génomique de notre système d’enseignement supérieur et de recherche, parce que continuer à caresser le rêve de bâtir une stratégie émancipatrice de ce système multi-strates à la confluence de tous les systèmes du monde, en s’appuyant sur les “expatriés” ou la “poche amniotique des cerveaux en fuite” relève de la pure illusion.

La tentation par ce rêve a déjà constitué le refrain de nombreuses tentatives précédentes et le menu préféré de discours lénifiants qui ont montré leurs limites. L’option est toujours restée à l’état d’œuvre onirique et d’expérience dévoreuse de temps et d’argent, tandis que l’amorce de la dynamique attendue ne s’est jamais opérée. Et l’on sait éminemment que ces expatriés, comme on les désigne maintenant, ont choisi leur voie et l’envie de vivre ailleurs pour un motif ou un autre.  Ces choix sont quasiment irréversibles et l’engagement pour le pays natal incarne davantage un regard de sympathie et de respect des sources, sans plus.

Refonte systémique et programmatique

Engageons-nous d’abord avec les capabilités locales pour l’élaboration d’un projet d’université à la mesure des moyens et des compétences disponibles. Cette solution consiste à recourir aux compétences enfouies actuellement dans l’université, ou ce que l’on peut qualifier de “cerveaux locaux”, celles mises au ban et marginalisées par la contexture actuelle du système de l’enseignement supérieur.

Ce noyau aura à réfléchir sur une issue réaliste à mettre en œuvre pour redonner corps et âme à l’université et la décomplexer en la débarrassant des faux problèmes et oripeaux qui la dénaturent tout en remettant de l’ordre dans son organisation et sa structuration avec une segmentation des structures et effectifs entre trois modules distincts avec d’éventuelles passerelles pédagogiques et scientifiques.

Le premier module sera strictement académique, ou l’université proprement dite, encadré par l’essentiel du rang magistral, des ingénieurs et autres corps techniques en quantité suffisante pour les laboratoires pédagogiques et la recherche. Ce premier module sera en quelque sorte le moteur et la force de frappe du système de l’enseignement supérieur ; il accueillera seulement le tiers des effectifs des bacheliers sur la base d’une critériologie à redéfinir entièrement. C’est en somme l’espace qualitatif de la formation supérieure.

Le second module sera professionnalisant et s’appuiera sur une panoplie d’écoles, grandes écoles et instituts spécialisés, pour la formation d’ingénieurs, masters et autres diplômes spécialisés de haut niveau destinés aux différents secteurs de la vie publique. Bien outillé en équipement et en personnels techniques, ce second module accueillera aussi un tiers des bacheliers. Enfin, un troisième module sera consacré aux formations de courte durée, à l’instar de tous ces métiers dédiés au numérique et bien d’autres formations techniques diplômantes pour booster les développements et les avancées du secteur économique.

Ce  dernier  module  devra  accueillir  le  tiers  restant  des  bacheliers. À l’évidence, les deux derniers modules auront besoin d’un encadrement de moindre  rang,  mais  techniquement  doué  pour  doter  les  étudiants de connaissances  pratiques, avec  des  possibilités  de  passerelles  avec l’université et le champ de la recherche.

Il va de soi que cette réforme structurelle sera accompagnée par la mise en place d’un mode de management approprié et d’un processus électif des présidents des entités universitaires sur la base de programmes prédéfinis à implémenter à des échéances préétablies, seule alternative pouvant assurer une forme de liberté et d’autonomie dans la gestion des affaires de l’université.

Dans ce processus de segmentation et de différenciation du champ de la formation supérieure, le noyau positif et édifiant de la structure génomique de l’université sera le moteur d’entraînement de l’engrenage du système de l’enseignement supérieur et de la recherche réaligné sur l’axe de la science dure et appliquée.

Bien sûr, les enseignements seront aussi très ouverts et au réel sur les langues et les humanités pour insuffler une meilleure substance aux esprits que formera l’université et un sentiment d’attachement à leur établissement, sans lesquels l’esprit d’élite et d’excellence que l’on ne cesse d’appeler ne sera qu’un vain mot.

Évidemment, cette perspective suppose une refonte systémique et programmatique du système de l’éducation nationale, axée sur des enseignements scientifiques essentiels et une réforme de fond de la fabrique de l’École fondamentale dont le concept atrophiant remonte aux années 1970 et que l’État peine à remodeler.

Par : Iddir AHMED ZAïD

UNIVERSITÉ MOULOUD-MAMMERI.