Au confinement, habitants et commerces de la Corrèze dans une galère numérique

« Dès qu’il pleut trop, il neige, le vent souffle,
Internet plante « 

Marie-Pierre Capel est heureuse de l’admettre: être enfermé avec sa famille dans une maison en terrasse à Camps-Saint-Mathurin-Léobazel, au sud d’Argentat, n’est pas une épreuve si difficile.

« Mais c’est le seul point positif, cette mère de trois enfants corrige immédiatement. Notre accès Internet est très limité. Mon fils, premier au Lycée de Tulle, et les jumeaux, en troisième année, ont du mal à suivre des cours à distance. « 

Concernant le délicat accès internet: « Pour nous c’est limité au WiMax (réseau sans fil, ndlr) qui plante quand il pleut trop, il neige, il y a du vent, témoigne Marie-Pierre Capel. On le réserve tellement possible pour les enfants, mais cela ne va pas de soi. Nous avons averti l’école de nos difficultés. Les cours doivent être envoyés par La Poste, mais le facteur ne passe pas tous les jours. Comment vous entraînez-vous dans ces circonstances? « 

« Plus que jamais, ma PME aurait besoin d’un accès stable »

Antoine Lapeyrie, directeur d’une conserverie à Mansac, près de Brive, mène une vie quotidienne devenue difficile: « Mon entreprise est connectée à Internet via une ligne ADSL (via réseau téléphonique, éditeur). Mais c’est assez loin des relais de poste et le débit est catastrophique. Cependant, plus que jamais, j’aurais besoin d’un débit stable et important pour envoyer des documents et des fichiers lourds. « 

Les quatre employés continuent de travailler sur la production de foie gras en conserve, de canard ou de porc.

« C’était déjà la croix et la bannière avec Internet avant l’emprisonnement. Chaque année, un technicien doit venir trois ou quatre fois. Mais là où il faudrait quelques secondes pour envoyer un fichier, cela prendrait une éternité. « 


Antoine Lapeyrie a l’impression d’être sous le régime de la double peine: « Ma maison est entre Mansac et Yssandon. Ces derniers jours je n’ai pas de connexion internet depuis mon téléphone portable. J’ai demandé à mon opérateur de recevoir des octets supplémentaires, sans résultat. »

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« Je regrette de ne pas avoir d’ordinateur »

Marie-José Jurpert, une retraitée résidant à Brive, n’a aucun problème à envoyer des SMS et à rester en contact avec ses proches.

« D’un autre côté, je n’ai pas d’ordinateur et je le regrette », explique le jeune homme de 70 ans qui suit les cours d’informatique du service d’urgence catholique. « Je suis naturellement curieux, j’aime enquêter sur ce que je ne comprends pas. Avant cela, je suis allé au centre des médias de Brive. Mais avec l’incarcération … ‘
Marie-José Jurpert prévoit désormais de modifier son forfait cellulaire et de s’équiper d’une tablette qui lui permettra d’accéder à Internet.

« Je ne suis même pas sûr
pour reprendre cette formation « 

Alain Benoits, de Monceaux-sur-Dordogne, s’entraîne pour se former comme géomètre-expert en travaux publics. Après l’emprisonnement, il était impossible de suivre des cours à l’AFPA; il voulait continuer son apprentissage à distance. « Mais je n’ai pas assez de matériel pour installer le logiciel de dessin, par exemple. »

Il a également un accès Internet insuffisant:

« Avec le WiFi ou le téléphone portable, je n’ai vraiment pas la vitesse ou le réseau pour participer à des réunions en direct avec mon entraîneur. »

Alain Benoits a également déclaré qu’il « avait de grandes difficultés à appeler mes collègues formateurs. L’AFPA est contrainte de quitter mes études. Je serai transféré à une session ultérieure, dont je ne connais pas la date ».

Il ne cache pas sa déception: «J’ai quitté mon emploi dans les travaux publics pour suivre cette formation de demandeur d’emploi. Mes revenus ont été divisés par trois et mes droits ne sont pas illimités. Je ne suis même pas sûr de jamais reprendre cette formation.  »

« J’ai acheté un routeur 4G pour accéder à Internet »

A Bessades, un hameau de la commune de Thalamy, Jean-Philippe et Maya Le Hellaye et leurs trois enfants de 3 à 11 ans vivent en confinement dans une zone blanche: pas d’Internet filaire, pas d’utilisation de téléphone portable à la maison.

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus et de l’inclusion, Jean-Philippe Le Hellaye, récemment élu conseiller municipal de cette commune rurale de Haute Corrèze et technicien de maintenance, a dû investir pour accéder au numérique.

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Notamment à cause des devoirs de Lola, élève de 6e du collège d’Ussel, et de Noa, en CE2 à Notre-Dame d’Ussel: «  J’ai acheté un routeur 4G avec lequel nous avons un peu d’internet. « 

Cet équipement électronique, sous la forme d’un petit boîtier, permet de fournir une connexion Internet basée sur un réseau mobile 4G ou 3G. Mais ce n’est pas tout: « Nous avons également dû changer les forfaits téléphoniques associés pour avoir des données. C’était essentiel. Nous avons dû faire de cette acquisition une priorité pour que les enfants puissent suivre leur cours en ligne ».

Quant à la téléphonie mobile, les zones blanches sont officiellement répertoriées en Corrèze à Thalamy, Saint-Bonnet-près-Bort, Sainte-Féréole, Moustier-Ventadour, Meyrignac l’Église, Brignac-la-Plaine ou Auriac. À Branceilles, Veix, Espagnac et Millevaches, la situation s’est améliorée avec l’installation récente d’antennes relais dans le cadre d’un plan du gouvernement et des collectivités comme le Conseil de Faculté. Du côté de l’opérateur, nous disons que nous sommes conscients des difficultés d’accès à Internet pendant le confinement. Orange affirme qu’il « propose en option 10 Go supplémentaires d’Internet mobile » aux clients qui ont utilisé l’intégralité de leur gamme de données. Cette offre, valable jusqu’au 30 avril 2020, est également destinée aux clients « qui ne disposent pas d’un accès Internet adéquat pour toute la famille. » L’opérateur peut également proposer des « offres 4G fixes éligibles au compteur de la cohésion numérique des espaces publics ». dans les zones où le service Internet fixe est très médiocre « . Les particuliers ainsi que les entreprises situées dans des zones non couvertes par le réseau câblé peuvent bénéficier d’un soutien financier en souscrivant à une offre appelée «cohésion numérique» de l’un des neuf opérateurs reconnus par l’État.

Eric Porte