Peints, floraux, tagués, couverts ou dans leur plus simple appareil, ils ont poussé sur les terrasses parisiennes grâce à leur déconfinition: les palettes en bois font désormais partie du paysage et peuvent durer longtemps.
Lunettes noires au visage sur la spacieuse terrasse du coucher de soleil, au nord de Paris, Roxane, 50 ans, profite de sa pause café en pensant aux quinze palettes soulevées et aux tables dressées sur le site de trois parkings.
« C’est un peu contradictoire, mais ça rappelle la plage, le pédalo … On a l’impression que toute la ville est en vacances! »
Chaque soir, jusqu’à une soixantaine de clients viennent investir sur la terrasse désormais agrandie de cet établissement, qui cicatrise ses blessures après avoir baissé 92 jours du rideau imposé par l’incarcération.
« Cela donne un tout nouveau visage à Paris », admet le patron Guillaume Dubois, qui se réjouit que ses ventes de juin aient augmenté par rapport à l’année dernière, principalement grâce à cet espace supplémentaire et aux palettes récupérées sur le marché de Rungis. et décoré dans des couleurs vives.
– Facilité –
Pour soutenir la réouverture des restaurants en juin, la ville de Paris a décidé de leur permettre d’étendre gratuitement leur terrasse au-delà des limites normales jusqu’à fin septembre.
Depuis, ces extensions éphémères d’un nouveau genre, en particulier dans les quartiers les plus animés de la capitale, se sont multipliées au nord et à l’est.
Signe distinctif: Ce sont presque toujours des palettes en bois, de préférence parce qu’elles sont faciles à placer pour offrir une protection relative aux clients passant dans la rue ou pour soulever le sol et y mettre des tables.
«Nous y sommes tous parvenus», se réjouit Momo, propriétaire de La Taverne 28, un café de quartier à quelques pâtés de maisons. Le responsable de 49 ans a appelé un ami dans le bâtiment pour obtenir dix palettes et les a fabriquées sur mesure dans les couleurs bleu, blanc, rouge.
Chacun a sa technique pour obtenir ce matériau jadis délaissé, aujourd’hui populaire: récupération des livreurs de marchandises, achats auprès de grandes enseignes … Ou en utilisant ses propres talents de bricoleur.
Dans le 11e arrondissement du restaurant La Canonnière, le patron a retroussé ses manches en réparant lui-même des planches achetées en magasin. Le résultat est une imposante structure en bois qui lui permet d’éviter le vol de son matériel, accident survenu quelques jours plus tôt dans le restaurant adjacent.
«Ça nous a sauvé, sinon nous aurions déposé le bilan», lance, masque sur le nez, la serveuse Aurore Andrieux, soulagée en voyant les clients revenir.
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– Les insultes –
Après avoir simplement placé des places dans le parking devant le restaurant, l’installation de la structure permanente a eu un grand mérite: «moins offensante», sourit son collègue Yves Deguen, faisant allusion à certains automobilistes et habitants agacés. à cause de cette soudaine abondance d’endroits confortables.
Parce que l’extension n’a pas fait le bonheur des gens … Surtout quand les heures de fermeture de ces terrasses, fixées par la mairie à 22h, débordent.
«Le client est là et il est difficile de lui dire de rentrer chez lui», alors que la nuit n’est pas encore complètement tombée, souligne le propriétaire du Sunset, qui avoue avoir déjà payé quelques amendes de 68 euros pour perturbation sonore.
Le maire de Paris, le maire David Belliard, a reconnu la nécessité d’apporter des améliorations au système et a félicité l’AFP pour les résultats « extrêmement positifs » de l’opération des terrasses.
«Il y a une vraie créativité, une véritable émulation qui transforme certains quartiers», affirme l’écologiste responsable de la transformation de l’espace public. Il souligne également l’aspect vert de l’opération, car elle favorise «l’économie circulaire» en réutilisant les palettes.
Que se passe-t-il après l’été? « Nous voulons (…) préserver les terrasses aménagées par les restaurateurs », a déclaré mercredi la maire de Paris Anne Hidalgo dans une interview accordée au Parisien.
De quoi donner aux parkings parisiens, pendant au moins quelques mois, un look coloré.
AFP