Mardi, les dirigeants européens sont parvenus à un accord historique sur un plan de soutien à leurs économies touchées par la crise des coronavirus, basé pour la première fois sur une dette commune, après quatre jours d’un sommet marathon à haute tension à Bruxelles.
Ce paquet, d’une valeur totale de 750 milliards d’euros, est intervenu après d’intenses négociations, au cours desquelles le président français Emmanuel Macron s’est mis en colère, le dirigeant hongrois a brandi la menace d’un veto et La Haye et Vienne se sont longtemps opposées à un plan. c’est trop généreux pour eux.
« Un grand pas a été franchi », a déclaré Macron lors d’une conférence de presse conjointe avec la chancelière Angela Merkel. Il s’agit « d’une réponse à la plus grande crise de l’UE depuis sa création », a ajouté l’Allemand, dont le pays préside actuellement l’Union.
Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a fait l’éloge « beaucoup pour l’Europe » lors d’une conférence de presse séparée et l’a même qualifié de « vrai plan Marshall ».
Les négociations ont été « difficiles, à un moment très difficile pour tous les Européens », a souligné le président du Conseil européen, Charles Michel, leader du sommet, qui a duré plus de 90 heures.
En longueur, ce sommet a failli battre le record historique de Nice en 2000 en 25 minutes, consacré aux réformes des institutions européennes, qui a duré près de 92 heures.
Transfert de richesse
Pour soutenir l’économie européenne, qui est dans une récession historique, le plan prévoit un fonds de 750 milliards d’euros pouvant être emprunté sur les marchés par la Commission. Il se compose notamment de 390 milliards de subventions, allouées aux États les plus touchés par la pandémie, une dette commune à rembourser par les 27.
En plus de ces subventions, 360 milliards d’euros sont disponibles pour des prêts, remboursables par le pays demandeur.
Ce plan de relance est soutenu par le budget à long terme de l’UE (2021-2027), qui prévoit une dotation de 1,074 milliard d’euros, soit environ 154 milliards d’euros par an.
Cette émission conjointe de dette, la première, est basée sur une proposition franco-allemande, qui a rencontré une vive opposition de la part des quatre pays dits «économiques» (Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède), suivis de la Finlande.
A l’issue du sommet, le Premier ministre Mark Rutte, chef de file de ces quatre pays, a affirmé que ce prêt conjoint n’était pas le début d’une «Union des transferts» avec un transfert permanent de richesse du Nord vers le Sud – quelque chose pour le appelle des avertissements.
« Il s’agit d’une opération ponctuelle et sa nécessité est évidente étant donné la situation », a-t-il déclaré aux journalistes.
Les pays «économiques» risquent depuis longtemps de faire dérailler ce plan massif de soutien à l’économie, qui profiterait notamment aux pays du Sud, comme l’Italie et l’Espagne. Ces deux pays, les plus durement touchés par l’épidémie, sont jugés trop lâches sur le plan budgétaire par leurs partenaires du Nord.
Règle de loi
Pour surmonter les réticences de l’économie, le président du Conseil européen, Charles Michel, a dû revoir sa proposition initiale et prendre ses engagements.
En particulier, en révisant à la baisse les subventions de 500 milliards d’euros initialement prévues et défendues par Berlin et Paris.
Mais aussi en augmentant significativement les remises accordées à ces pays, qui jugent leur contribution nette au budget de l’UE disproportionnée. La correction accordée à l’Allemagne reste stable.
« Pour la première fois dans l’histoire européenne, le budget est lié aux objectifs de changement climatique, pour la première fois le respect de l’Etat de droit devient une condition de l’allocation des ressources », s’est également félicité Charles. Michel.
Ce lien entre le versement de fonds et le respect de l’État de droit fait suite à une proposition de la Commission européenne, qui autorise « l’action à la majorité qualifiée en cas de violations », a déclaré la présidente de l’institution Ursula von der Leyen.
Cette conditionnalité s’est heurtée à une forte opposition de la Pologne et de la Hongrie, deux pays dans leur mire de la Commission et du Parlement européen, qui ont engagé des poursuites judiciaires à leur encontre.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui a menacé de veto au sommet, a exigé la fin de cette procédure dite «article 7» contre son pays, qui pourrait théoriquement conduire à des sanctions.